Pendant mes campagnes de fouilles, aux portes de l'an
2000, je récoltai et répertoriai soigneusement les objets trouvés afférents aux
combats de 1793 et 1794 sur Tresserre, mon village. Ce que je vous conterai
ultérieurement.
Cependant je poursuivais un rêve : trouver, enfouie
dans le sol, une besace contenant des objets personnels et surtout un petit
carnet où auraient été notés...Utopie. Rien ne se conserve dans ce sol argileux
qui retient les pluies . 200 ans avaient passé.
Pourtant, le soir où je trouvai une petite clef,
j'espérais fort le coffret qu'elle ouvrirait et qui livrerait quelques pages
d'Histoire vécues au jour le jour. Le sol garda ses secrets, les soldats leur
silence. Il ne se trouva point de Capitaine Coignet ou d'officier pour
livrer un peu de la Mémoire d'alors...
................................................
Le silence s'installa, voire l'oubli, et s'il en fut
qui écrivirent pendant ces combats, cela resta soigneusement caché dans le fond
d'armoires et de greniers au milieu d'un fatras hétéroclite qui est parfois
leur cadre de repos...
Le premier devoir de Mémoire eut lieu en 1861, soit 70
ans après, par un historien des Armées, Napoléon Fervel qui
publia "Campagnes de la Révolution Française dans les Pyrénées
Orientales" agrémenté d'un album de planches.
Le Fervel |
Planche du Fervel |
S'appuyant sans doute sur lui, lorsque la mémoire se
réveilla autour du 200 eme anniversaire, deux passionnés d' Histoire, habitants
du Boulou, honorèrent la Mémoire de cette Bataille du Boulou inscrite sur l'arc
de Triomphe.
Le Docteur Jean Versmée, pharmacien, en 1991 publia "Du Boulou à l' Etoile"
et Michel-Yves Saint-Dizier, toujours au début des années 90, qui y consacra du temps et de l'énergie, en tant que membre fondateur de l'association toujours active et impliquée, l' ASPAVAROM, puis en tant que chargé de la culture dans l'équipe municipale. Il n'eut de cesse de mettre en exergue la Bataille avec la création de la Maison de l'Histoire, l'achat d'une collection d'objets et de vêtements enrichissant ce petit musée et la mise en avant du Petit Tambour (statue) entre autres.
et Michel-Yves Saint-Dizier, toujours au début des années 90, qui y consacra du temps et de l'énergie, en tant que membre fondateur de l'association toujours active et impliquée, l' ASPAVAROM, puis en tant que chargé de la culture dans l'équipe municipale. Il n'eut de cesse de mettre en exergue la Bataille avec la création de la Maison de l'Histoire, l'achat d'une collection d'objets et de vêtements enrichissant ce petit musée et la mise en avant du Petit Tambour (statue) entre autres.
Une commune voisine, Montesquieu des Albères, lieu
phare de la Bataille eut aussi ses pionniers. En les personnes de Marguerite Bonet (un personnage !!) et de André de Fruyt, un passionné. L'un
et l'autre, fondateurs de l'association Patrimoine oeuvrèrent . Mme Bonet en
fouilles dans la montagne avec sa Panda 4x4 ses trouvailles figurent au Musée
de Montesquieu des Albères, à visiter absolument. Un fleuron du Patrimoine de
la commune. Mr de Fruyt commença à écrire de belles pages sur cet épisode
clé de l' Histoire, c'était en les années 1980/2000.
Nous arrivâmes, Pierre
et moi, en fin des années 90 avec notre détecteur de métaux qui nous permit
de traiter de ce sujet d'une manière innovante : faire parler le terrain et en
s'appuyant sur les écrits et cartes de Fervel, ainsi que la rigoureuse
méthodologie de nos recherches. Une vision plus parlante et vivante des combats
voyait le jour. 5 ans de recherches...
Objets trouvés |
Parallèlement se développa un engouement pour cette
page oubliée de l'Histoire.
Publications, conférences, allaient bon train. Pierre Vigo et André de Fruyt inaugurèrent une série de conférences
à deux voix.
L'association ASPAVAROM, dans ses "Cahiers
de la Rome" (du nom d'une rivière), sous les plumes alertes de Georges Castellvi, Jacques
Chotard et Pascal Dupouy (2000
à 2006) informait ses nombreux lecteurs.
Le Colonel André Benabid y ajouta sa griffe
compétente : ancien "Enfant de Troupe", tout comme le Petit Tambour
(dit du Boulou), il tenta de ranimer cette mémoire-là. Lisons le Colonel Gérard Vié dont je reparlerai dans la
2nde partie :
"En 1993 un ancien enfant de troupe Pierre Pilissier en promenade dans l'Aude découvrait la statue d'un petit tambour sur la place de Tourreilles. Sur le piédestal figurait une plaque en marbre sur laquelle était spécifié qu'il était mort pour la France le 10 novembre 1794 et qu'il avait eu droit à la reconnaissance nationale. Cette découverte remettait en cause la préminence jusqu'alors accordée comme emblème des enfants de troupes à Bara ou au tambour d'Arcole. Mais eux n'étaient pas morts au combat comme le prétendait la propagande révolutionnaire. En effet en juillet 1792 déclarant la patrie en danger et ordonnant la levée en masse de nouveaux volontaires, l'assemblée législative prescrivait que tout garçon employé aux armées en zone de combat devait désormais être incorporé dans une unité dont il porterait l'uniforme. Etant immatriculé et soldé il devenait ainsi "enfant dans la troupe".
cette découverte provoqua la mise en chantier d'une vaste enquête
qui devait durer 5 années aux archives de Vincennes, en France et en Espagne. A
l'issue de celle-ci l'association des A.E.T obtint la cession d'une partie du
territoire espagnolà Biure pour permettre l'érection d'un monument dédié à
Pierre Bayle dans le village de Biure. Un premier livre écrit par le colonel André Benabid
compilant toutes les découvertes du groupe de recherche fut édité. Un
monument fut érigé sur le terrain cédé par l'Espagne et une statue en bronze
fut commandée par l'Association nationale des A.E.T au sculpteur Gérard Vié.
"
L'ouvrage du Colonel Benabid, en 2000, s'intitulait "L'enfant
héros oublié : Pierre Bayle "
Cet enfant avait 10 ans et battait la charge au tambour; il mourut
au combat en 1794, en Catalogne.
Tourreilles (Aude) village natal du Petit Tambour |
2003 : un moment clé de la Mémoire. Pierre et moi continuons nos
recherches et avançons considérablement.
Jean Salgas, maire du Boulou s'intéresse à notre avancée et met en
route une machine qui ne s'arrêtera plus. Son but ? Faire un circuit historique pour toucher le grand public.
2004 : Le Boulou fête en grande pompe le 210 eme anniversaire de la Bataille, après Mont Louis en 2003.
L'équipe municipale avec Thérèse Béringuer chargée de la culture et Nathalie
Gouzet en stage foncent pour un épisode reconstituant les combats. Figurants, armement, bivouac, "soupe d'Austerlitz" des centaines de
personnes répondent à l'appel, combien sont refusées ? Une journée grandiose
qui reste encore dans les mémoires.
Au bivouac avec une vivandière |
Reconstitution |
2005: l'association des Petits Tambours du Boulou voit le
jour, ils sont encore présents à toutes les cérémonies.
Après cela, au terme d'une autre épopée, notre 1er Sentier
Historique de la Bataille du Boulou voyait le jour et fut inauguré le 8 avril
2006, alliant ce qui nous tenait à coeur, un mariage entre Histoire et Terroir,
entre le sang des soldats de l'AnII et le vin issu du terroir qui les a vus se
battre et mourir...
(à suivre....)
1er Sentier |
Nous avons trouvé à Palau del vidre un boulet de canon, c'est peut-etre en relation avec la Bataille du Boulou ?
RépondreSupprimertout à fait, elle ne s'est pas cantonnée au Boulou mais de la côte à la cerdagne quasi
SupprimerUne deuxième table d orientation panoramique et historique explicative de la bataille du boulou et des combats majeurs qui eurent lieu a Montesquiu les 30 avril et 1er mai 1794. Elle est implantee tout en haut des ruines du château médiéval situé au centre du village de Montesquieu des alberes.au départ de l escalier qui y mène le visiteur appréciera trois plaques rappelant la mémoire du maréchal du 1er empire, le maréchal Lanne ainsi qu'une plaque en l'honneur du lieutenant colonel Venegas de saavedra défenseur espagnol commandant la place et une roisive plaque relatantles combats.
RépondreSupprimerDans l'article que je viens juste de publier, j'en parle. dans cette 1ere partie je me suis volontairement arrêtée en 2006. Montesquieu entre autres fait l'objet de ce 2eme volet du chemin de mémoire. Il serait d'ailleurs souhaitable que le boulet (fragment) ayant tué Dugommier ait sa place comme prévu au Musée de Montesquieu. Un riche musée.
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